UN VOYAGE D’EXPLORATION EN PÉNINSULE ANTARCTIQUE

L’une des régions les plus reculées du globe et l’un des derniers sanctuaires de la biodiversité et de la vie animale. Le projet Terra Incognita est l’aboutissement d’une passion ancienne pour les pôles et la haute montagne. En choisissant des terres peu parcourues ou inexplorées, nous avons souhaité renouer avec la notion d’exploration et d’engagement absolu qui guidait les expéditions d’antan. Dans ces régions où tout secours est illusoire, l’aventure pure et l’émerveillement de la découverte prennent le pas sur l’exploit physique.

 

 

LE PROJET

Nous avons fait le choix de gagner le grand sud en voilier, un moyen de déplacement écologique, qui nous permettra de nous glisser au cœur de la péninsule et de gagner des mouillages interdits à d’autres navires.

En 2 à 3 semaines sur place, en fonction des conditions de mer et de glace, nous prévoyons l’ascension de plusieurs sommets – dont certains restent inviolés à ce jour. Culminant jusqu’à 3 000 mètres de hauteur depuis le niveau de la mer, les montagnes de la péninsule présentent des parois impressionnantes. La plupart des sommets que nous visons sont proches de la côte et pourront être atteints en une seule journée intense de ski et d’alpinisme. Mais d’autres montagnes plus éloignées obligeront l’équipe à s’enfoncer plusieurs jours au cœur de la péninsule. Nous utiliserons alors skis de randonnée et pulkas (traineaux) pour transporter tentes, nourriture, réchauds, duvets et matériel technique, sur la calotte glaciaire antarctique, jusqu’au pied des montagnes visées.

NOUS NE SERONS PAS DES PIONNIERS

La péninsule antarctique a été découverte par des grands marins et explorateurs dès la fin du 19ème siècle. Nous tenterons, à notre modeste mesure, de faire encore vivre le goût de l’aventure, de l’engagement et de l’entraide. Nous chercherons à transmettre notre amour de ces régions du globe, si belles, si dangereuses mais si fragiles.

NOUS NE PARTONS PAS EN CONQUÉRANTS

Nous aborderons la péninsule avec vigilance et humilité, conscients de l’immense chance qui est la nôtre de fouler ces terres et de contribuer à les faire découvrir à nos contemporains. Nous veillerons à n’introduire aucun parasite ou maladie dans ce sanctuaire blanc, à ne pas perturber la vie animale et, bien sûr, à ne rien laisser derrière nous « à l’exception de nos traces de pas sur la neige ».

Notre équipe sera composée de 3 marins, grands navigateurs, coutumiers de la navigation dans les mers australes et antarctiques, et de 7 alpinistes chevronnés dont 2 guides de haute montagne.

Quatre semaines d’engagement absolu et d’isolement total au bout du monde, dans des conditions climatiques extrêmes, pour l’une des plus belles aventures polaire et maritime.

 

 

L’EXPEDITION

Au départ d’Ushuaia, la ville la plus australe au monde, nous embarquerons sur le voilier Selma, un ketch de 20 mètres, doté d’une coque en acier, armé pour la navigation dans les 40ème rugissants et les 50ème hurlants. Selma, avec son équipage tchéquo-polonais, fait partie des quelques rares grands voiliers présents sur zone (avec Vaihere, Podorange, Santa Maria Australis, Ocean Tramp, Kotik) ayant une expérience solide de la navigation en Antarctique et des conditions extrêmes du mythique passage de Drake.

Situé entre le cap Horn (55° sud) et les iles Shetland du sud (62° sud) perdues à 120 km au nord de la péninsule antarctique, le passage de Drake est un large bras de mer de 800 km qui relie l’Océan pacifique à l’Atlantique sud et à l’Océan austral.

Connu pour les tempêtes redoutables qui l’agitent régulièrement, il est considéré comme l’un des endroits les plus dangereux de la planète pour la navigation : le courant circumpolaire antarctique y circule librement avec un débit 600 fois plus puissant que celui de l’Amazone (100 à 150 millions de mètres cubes par seconde) ; la météorologie y très capricieuse avec des vents souvent cycloniques et des mers très formées où les creux de 10, voire 15 mètres, sont monnaie courante. Comme l’énonce un dicton marin, « sous 40 degrés, il n’y a plus de loi, mais sous 50 degrés il n’y a plus de Dieu ».

Depuis que le passage a été franchi pour la première fois au XVIIème siècle par le navigateur hollandais Willem Schouten à bord de l’Eendracht, on déplore plus de 800 naufrages dans la zone et une dizaine de milliers de disparus.

Même, au XXIème siècle, équipé de toutes les technologies modernes de navigation et de sécurité, le passage de Drake reste un endroit rude et dangereux.

 

Trois à quatre jours de mer seront nécessaires pour atteindre les Shetland du sud, le premier refuge sur la route de l’Antarctique, pendant lesquels toute l’équipe prendra son quart sur le pont afin de surveiller l’apparition d’éventuels icebergs dérivants. Après une nouvelle journée de mer, nous apercevrons enfin les premiers sommets enneigés de la péninsule antarctique (63°sud).

 

Puis, pendant 2 à 3 semaines, nous glisserons le long de la côte occidentale de la péninsule, plus ou moins protégés des tempêtes par les nombreuses iles qui jalonnent la descente vers le sud. Chacune de ces îles abrite de superbes montagnes qui constitueront un objectif de choix pour nos ascensions : Mont Parry (2 520 m) sur l’ile de Brabant, Mont Français (2 822 m) sur l’ile d’Anvers, Mont Shackleton (1 300 m), Mont Morton (1 400 m) ou Mont Peary (1 800 m) en Terre de Graham sur la péninsule proprement dite.

En fonction des conditions météo, il faudra trouver le juste équilibre entre les journées de navigation et le temps consacré à l’exploration à ski et à l’alpinisme.

Puis, il faudra remonter vers le nord et attendre le bon créneau pour franchir à nouveau le passage de Drake. Quatre jours de mer agitée et nous doublerons le Cap Horn, à travers la brume, les grains de pluie ou la neige, avant de rejoindre Ushuaia.

 

 

LA PENINSULE ANTARCTIQUE